Chamonix Mont Blanc 9-10 Août 2003 |
Durant
l'été caniculaire 2003, les week-ends se suivent et se ressemblent avec des
températures avoisinant les 40° en plaine. Seul un "
bulletin d'alerte grands vols" transmis par Internet perturbe cette
monotonie climatique. C'est tout naturellement que je me retrouve à Chamonix
pour échapper à la fournaise avec au programme; des petits vols en parapente
et grandes ballades en montagne qui se transformeront en petites ballades en
montagne et grands vols en parapente.
L'aventure commence le vendredi soir avec une montée au téléphérique de la
Flégère ( 1872m ) en espérant fixer sur Compact Flash un beau couché de
soleil sur le Mont Blanc. Le rendez-vous est manqué puisqu' un orage sur les
Aiguilles Rouges me force à quitter précipitamment les lieux. Lors de la
descente à pied, les coups de tonnerre secs résonnent entre les Aiguilles
Rouges lorsqu'un grondement inhabituel attire mon attention du coté des Drus.
Ce n'est pas le tonnerre, mais bel et bien le pilier ouest le l'aiguille des
Drus qui s'ampute de la célèbre voix Bonnati dans un fracas et un nuage de
poussière impressionnant. Je "dégaine" mon Canon Power Shoot
pour mémoriser la scène et témoigner devant l'éternité de la disparition de
cette voie mythique de l'escalade. Il s'avère que ce phénomène n’est
qu’un feuilleton supplémentaire d'une grande série commencée en 1997 et très
bien décrit sur internet,
phénomène aggravé par les températures excessives en cette saison
puisqu’un nouvel effondrement a eu lieu le lendemain matin, dimanche. Durant
cette période, il ne s'est pas passé une demi-heure sans chutes de pierres,
pas une heure sans éboulement, pas un jour sans grosses avalanches et pas une
semaine sans perte historique comme le pilier ouest des Drus ou l’Eperon
Walker dans les Grandes Jorasses. Insouciant de ce risque majeur, de nombreux
alpinistes ont payé de leur vie cette témérité.
L'aventure continue le samedi matin avec une montée à l'intermédiaire du téléphérique
du Brévent (8 € + 2€ le parking ) pour un vol en parapente en face est des
Aiguilles Rouges. Je décolle vers 10h en m'intercalant dans l'impressionnant
flux des départs. La montée tranquille devant le relief dans un thermique très
large m'emmène au col du Brévent à 2500 m , a ce niveau, il suffit
de se balader du sud au nord pour cueillir les ascendances et se faire hisser à
3000 m puis 4200 m et même plus. Il faut dire que mon alti-vario de chez Pifomètre
n'est pas très précis. Inutile de vous dire que le spectacle est grandiose
avec le massif des Aiguilles Rouges à mes pieds et le Mont Blanc à portée de
main. La température est fraîche, très fraîche, mes simples gants de peau ne
suffisent pas à me protéger de l'onglée naissante et je ne sais pas si c'est
l'émotion ou le froid qui me fait grelotter mais je suis sur que je viens de
battre mon record d'altitude. La tentation de partir en cross est grande,
je pourrais aller chercher du chocolat en Suisse ou un reblochon aux Aravis,
mais à quoi bon partir, puisque le bonheur est ici.
Arrivé au sol avec le plein de belles photos , je me remets de mes émotions et
pense avoir rempli mon contrat quand en fin d'après midi, mon regard est attiré
par de minuscules points aux abords de l'Aiguille Verte. Il s'agit bel et bien
de parapentes évoluant dans une zone que je croyais interdite. La pression artérielle
monte immédiatement comme celle de mon turbo diesel pour pister deux voiles en
approche dans un champ interdit aux grands oiseaux. Après m'être frayé un
passage dans les ruelles étroites d'Argentières, je rejoins d'un pas décidé
les intrus en phase finale de jouissance et c'est sous un flot d'excuses
germano-britanniques que je suis accueilli. Il m'a fallu couper la vanne de
force pour me présenter et les presser de questions relatives à leur vol et
c'est dans leurs yeux que j'ai vu le plus beau vol de ma vie je ferais demain.
* Pour faciliter les secours en
hélicoptère, le massif du Mont Blanc est interdit au parapente pendant
les mois de Juillet et Août. Sans en connaître les limites exactes, cette
interdiction va des Aiguilles d'Argentière jusqu'au Mont Blanc et l'Aiguille du
Goûter. Une tolérance est admise à l'Aiguille Verte dans un cylindre de 1000
m de haut par 1000 m de large au dessus du sommet.
Vous pourrez trouver des photos de Chamonix en 1024*768 à la rubrique
" Fonds d'écran"
Robert BREDA
Photos prises avec un appareil photo numérique CANON Power Shoot G5
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