Open du Lac d'Annecy 2000

 

Les 12 et 13 août 2000 s’est déroulé le 9ème Open International de Parapente du Lac d’Annecy. La météo estivale et orageuse, n’a pas permis de valider les deux manches du samedi et dimanche écourtées avec l’apparition en fin de journée de cumulo-nimbus menaçants.

Manche amicale du samedi :

Départ Coche-cabane.

1ère balise : l’église d’Alex.

2ème balise : le chalet de l’Aulp au pied de la Tournette.

3ème balise : la deuxième ligne HT du roc des bœufs (changée pour cause de cumulo-nimbus au Parmelan qui disparaîtra au profit de celui de la Tournette).

4ème balise : le chalet Edelweiss au col de la Forclaz puis posé à Perroix, soit une distance de 48 kms.

Je décolle en dernier et retrouve la grappe au dessus des Roux. Les conditions favorables en début d’après-midi deviennent vite calmes à l’ombre d’un cumulus en formation devant la Tournette, les plafonds sont bas et la transition vers le Lanfonnet semble problématique pour de nombreux pilotes qui se retrouvent sous la crête. L’ambiance commence à changer. Le cumulus devient vite un cumulus orageux à développement rapide et aspire tout autour de lui, tout le monde se fait secouer les plumes. Rémi se pose en catastrophe sur le plateau de Verel et doit choisir entre un sapin et des barbelés, ce sont les barbelés qui l’emportent avec quelques déchirures sur la voile. Karine stressée rejoint l’atterrissage en sanglots. Fort de mon expérience je décide de me faire catapulter par un thermique  sous le vent coté sud du Lanfonnet en espérant trouver des conditions plus favorables en altitude. A 2300 m les conditions ne s’améliorent pas, c’est l’enfer, je ne sais plus ou est le thermique, c’est la tabasse permanente ; un pilote sur les nerfs assiste au tiré du parachute de secours d’un concurrent en difficulté et décide de se poser, trop c’est trop !!! Quant à moi, à cette altitude, je suis piégé et ne peut qu’avancer en direction des dents de Lanfon. Promis, juré, si c’est le même b…. au retour je me pose. Les conditions s’arrangent un peu et j’observe un pilote plus bas devant descendre de 300m à une vitesse vertigineuse alors  qu’un autre plus avant se fait arracher par un thermique avec sa voile cabrée à 45°. Ce sont les montagnes russes. Je sais déjà ce qui m’attends, et comme prévu, la descente rapide s’engage avec la voile qui flotte à la limite du décrochage, terminus à 1900m à la dent nord et catapulte jusqu’à 2200m dans une masse d’air mieux organisée, cela n’empêche pas un autre pilote de se faire claquer la voile au niveau de la falaise et de finir dans les sapins au pied de la dent ; à ce rythme là, si mon cœur tient bon, je finirai premier. Un pilote me suit alors qu’à l’Ouest une autre menace se précise : Un énorme cumulo-numbus-congestus en formation depuis longtemps semble vouloir gâcher notre journée. Sa base est large, noire. La pluie  tombe déjà sur Rumilly, son enclume, à une altitude de 12000 m au moins ne va pas tardée à masquer le soleil. La masse d’air est bien organisée et j’enroule avec plaisir un beau thermique puissant et large  qui me monte à 2300m avant de me diriger vers la première balise au-dessus d’Alex. Alain Finet arrive par l’arrière avec sa SECTOR TX et me dépasse par le bas, j’en profite pour le photographier en excès de vitesse ( 57 km/h ) et dépassement dangereux, c’est sûr qu’il aura un carton jaune ! Après la photo du premier point, je vole en direction de la balise suivante au chalet de l’Aulp, la masse d’air porte en plaine, un peu trop peut-être, des petits cumulus gris se forme rapidement à ma hauteur, le monstre à l’Ouest semble vouloir nous happer. La poursuite de la course devient hasardeuse, je décide de me poser. Les pilotes qui n’ont pas encaissé l’essorage au Lanfonnet se retrouvent au sol . C’est sûr, on en reparlera longtemps de cette manche. Bilan de la journée, deux pilotes au tapis et pas une seule égratignure.

 Manche amicale du dimanche :

Les conditions météos sont identiques à celles du samedi, il faut choisir les balises en fonction des développements orageux.

Départ coche-cabane.

1ère balise : le château de Duingt.

2ème balise : le téléphérique du Mont Veyrier.

3ème balise le chalet Chappuis au Parmelan.

4ème balise : le chalet Edelweiss au col de la Forclaz puis posé à Perroix, soit 40 kms.

Les plafonds sont bas et le retour de la première balise pose de nombreux pilotes à Perroix, moi y compris. Le massif du Parmelan est complètement pris par les nuages avec des développements verticaux qui ne laissent aucun doute sur la suite des évènements. Je suis témoins d’un échange radio entre l’ouvreur Christophe et le DE (directeur d’épreuve) de Coche-Cabane.

Christophe : « Je suis au Veyrier et je vois le Parmelan tout noir, qu’est-ce que je fais ? ».

Le DE : « La manche n’est pas annulée, il faut y aller ».

Christophe désabusé :  « bon, bon, j’y vais ».

Christophe une fois sur place :  «  J’entends le tonnerre et il pleut sur le plateau des Glières, qu’est-ce que je fais ? »

Le DE :   « ont va réfléchir ».

Le DE plus tard : « On annule la dernière balise » qui est celle de la Forclaz et non celle du Parmelan et il s’ensuit un monstre cafouillage à la radio. Tout le monde s’en mêle avec plus ou moins de nervosité  pour finir par l’annulation de la manche.

Robert BREDA